Une maison en une semaine

Publié dans La Presse Affaires le 8 mars 2012

Nathalie Simon, collaboration spéciale

«L’industrie de la construction demeure artisanale, au même titre que l’industrie automobile des années 1920.» C’est en partant de cette constatation que Marc-André Bovet a fondé BONE Structure en 2005. Il s’apprête à créer un quartier entier à Blainville avec des maisons en acier montées en une semaine.

Marc-André Bovet veut «redorer le blason de l’industrie de la construction» et la faire passer de l’artisanat à l’industrialisation.

Entouré d’une trentaine d’ingénieurs, d’architectes, de designers et d’urbanistes, l’entrepreneur a créé une structure en acier, moins sensible aux aléas climatiques que le bois, qui permet de monter une maison rapidement.

L’homme de 52 ans s’est inspiré de son passage chez Bombardier pour adopter le modèle industriel des trains, motoneiges ou avions assemblés à partir de pièces pré-usinées et standardisées.

D’ailleurs, pour obtenir plus de précision, il n’utilise pas un logiciel d’architecture, mais un logiciel pour dessiner des turbines d’avion. Ainsi, il peut offrir à ses clients la possibilité de commander leurs armoires de cuisine avant même que la maison ne sorte de terre.

Les structures en acier et les composants de la maison sont fabriqués par cinq usines au Québec, du plancher au plafond en bois, en passant par les isolants en polystyrène. Les pièces sont livrées sur le chantier, prêtes à être montées, vissées ou clippées sur des fondations existantes, avec une visseuse à pile pour seul outil. Les constructeurs deviennent des assembleurs. «On a inventé un système qui évite toute interprétation sur le chantier, quel que soit la culture ou le pays», assure Marc-André Bovet.

Les pièces pré-usinées sont certes plus onéreuses, mais le dynamique président de BONE Structure assure que sa maison ne revient pas plus chère qu’une autre, grâce aux économies sur les rebus. «On a facilement 30 000$ de rebus sur une maison de 500 000$», précise-t-il.

Alors que le chantier d’une maison traditionnelle génère trois conteneurs de déchets, Marc-André Bovet n’en tolère aucun sur ses chantiers. La standardisation des pièces le lui permet. Les structures intègrent 40 à 55% d’acier recyclé. La mousse de polyuréthane, giclée pour isoler la maison, est constituée de soja et de bouteilles de plastique recyclées. Une maison de 300 mètres carrés «contient» 8000 bouteilles recyclées. La structure permet d’intégrer de grandes fenêtres, pré-usinées elles aussi, tournées vers le soleil pour maximiser la lumière et la chaleur. Le montage s’effectue en une semaine et génère moins de bruit, moins longtemps.

L’absence de mur porteur autorise la reconfiguration de la maison au fil du temps, en fonction des besoins de la famille.

L’entreprise est finaliste des prix Dunamis 2012 (chambre de commerce et d’industrie de Laval). Marc-André Bovet a de grandes ambitions pour son entreprise. Il a des projets dans l’ouest du pays, en Europe, à Los Angeles et au Chili. S’il a créé sa marque pour aller chercher des volumes importants, il reste soucieux du détail quant à la qualité de son produit et attentif au développement programmé de son entreprise. Avec une croissance annuelle de 100%, elle est déjà rentable et livre une centaine de maisons par an. Il ambitionne de multiplier ce chiffre par cinq dans les mois qui viennent, notamment avec la réalisation du quartier Le Chambéry de Blainville, et même d’introduire BONE Structure en Bourse dès que possible.

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